Praxis éducative-pédagogique des mouvements paysans et indigènes latino-américains et l’organisation de la culture

Résumé

Cet article analyse le processus d’organisation culturelle et la dispute hégémonique au sein de la praxis éducative-pédagogique des mouvements indigènes et paysans en Amérique Latine. Pour cela, le concept d’hégémonie lié à la nature périphérique de nos pays est abordé, dans lequel le projet historique de développement est traversé par un néocolonialisme et une intégration capitaliste dépendante et subordonnée. Autrement, il est soutenu que le processus d'éducation de l’intellectuel organique ne se limite pas à une tâche accomplie uniquement par un parti révolutionnaire et populaire. L’histoire politique latino-américaine est le théâtre de nombreuses luttes et rébellions organisées par différentes organisations et mouvements populaires à caractère urbain et rural. Dans le cas des projets éducatifs et politiques articulés par des mouvements indigènes et paysans, quatre prémisses sont identifiées: a) la construction d’un processus éducatif qui permet une interprétation critique du processus historique de formation socioculturelle et politique en Amérique Latine et qui promeut une rupture avec la dialectique d’oppression coloniale, patriarcale, raciste et de classe historiquement construite dans la région; b) la formation de l’intellectuel organique intrinsèque à ses propres processus organisationnels; c) le lien avec une critique onto-épistémique de l’imposition du paradigme capitaliste occidental moderne, eurocentrique, comme alma mater et canon interprétatif du monde et des relations socioculturelles, de production et de politiques; et d) la constitution d’une dispute hégémonique en tant que force sociale et historique, dans laquelle la praxis éducative-pédagogique est conçue comme un projet d’hégémonie, ce qui nécessite la genèse d’une nouvelle culture politique qui réponde aux défis de la crise civilisationnelle.